Contemplacœur, s’enliéner, hydroglution, permadoute : ces mots ne vous disent rien ? C’est normal ! Ils sont le fruit du travail participatif de Jeanne Hénin pour inventer les mots manquant à notre vocabulaire. Combinés dans son livre Les mots qu’il nous faut publié aux éditions La mer salée,  ils sont aussi et surtout une formidable invitation à se réapproprier notre vocabulaire et le monde qui en découle.

Et si on jouait avec les mots pour transcender notre réalité ? C’est ce à quoi nous invite Jeanne Hénin dans son livre Les mots qu’il nous faut, dictionnaire lumiluttant publié par la très engagée (et nantaise !) maison d’édition La mer salée.
Une centaine de pages réjouissantes, dans lesquelles se déploie tout un vocabulaire imaginé par l’autrice et ses contributeur·ices, pour définir les termes manquant à notre langage, dans un monde en crise.

Interroger le vocabulaire qu’on utilise et inviter des participant·es à en créer un nouveau est un procédé initié par Alicia Escott et Heidi Quante, deux artistes américaines “obsédées comme moi par l’écologie, la création et les bascules” stipule Jeanne Hénin dans sa postface. L’expérimentation de ces artistes raisonnant fort avec son travail au service de l’écologie, elle leur propose d’exporter le concept outre-Atlantique afin d’“expérimenter et tenir des espaces qui permettent le questionnement, qui nous font désirer une bascule, des endroits où être avec l’inconfort aussi, ouverts à la création et où faire sourdre la joie”, explique Jeanne Hénin tout en poursuivant la réflexion. 

“Stimuler l’émulation”

Quand Sandrine Roudaut, éditrice aux éditions La mer salée a entendu parler du projet mené par Jeanne Hénin, l’idée d’en faire un livre s’est imposée. “Aux éditions La mer salée, on veut aider à faire émerger des idées qui nous semblent importantes en veillant à être radical sur le fond et accueillant dans la forme pour transmettre la subtilité et la force d’un sujet en dehors des sphères déjà convaincues. Nous souhaitons nourrir l’espoir et la détermination qui poussent à l’action, stimuler l’émulation”, précise l’éditrice. Séduite par le caractère “extrêmement empuissantant” et subversif de la démarche de Jeanne Hénin, Sandrine Roudaut souligne son caractère joyeux et inclusif “on se bat contre les récits à la suite desquels on est en tristesse. Ici, l’individu est remis au centre de l’échiquier et c’est intéressant car tout le monde a des mots à sa disposition et tout le monde aime jouer avec. Les enfants les premiers ont compris leur pouvoir en en inventant quand ils n’existent pas .”

Si le livre et les mots qu’il propose ont pour trame principale l’écologie, le féminisme n’est pas en reste. On s’appropriera sans difficulté le terme « Fémidoute » qualifiant la « difficulté à croire simplement la parole des femmes, lorsqu’elles partagent un récit de viol ou de violences sexuelles », ou encore « encoufarder » issu d’encouragement et de fardeau et consistant à « Flatter, féliciter une personne de ses engagements pour une cause qui nous semble juste, tout en lui refilant le fardeau de l’action à mener. »

Rédaction : Aurélie Lehéron

À retrouver en librairie :
Les mots qu’il nous faut, Jeanne Henin aux Éditions La mer salée.
Et si vous souhaitez, vous aussi, jouer avec les mots, on vous invite à suivre les actus de la librairie féministe Maison Marguerite qui propose régulièrement ateliers et soirées poésie !