« J’ai le droit de jouer [au foot], même si je suis une fille ? » Marion Guilloux, directrice de l’école nantaise Gay-Lussac rencontrée par les fameuses dans le cadre de cet article, s’en souvient encore tant elle l’a marquée. Dans la vie sociale des enfants, la cour d’école est l’un des premiers endroits qu’iels partagent, que ce soit sur le temps des récréations ou du périscolaire. Aménager des espaces extérieurs plus adaptés à la mixité et favoriser des pratiques de jeux moins genrés, c’est participer au vivre ensemble. Un chantier auquel certaines villes, dont Nantes, s’attèlent depuis quelques années.

Depuis 3 ans, grâce à une politique active de la ville, environ 30% des cours nantaises (sur 156 écoles maternelles et primaires) ont été réaménagées pour proposer aux écolièr·es des espaces où filles et garçons peuvent évoluer vraiment ensemble. Elles sont devenues inclusives et égalitaires, favorisant les interactions et les jeux entre tous les élèves. 

Objectif ? « Faire jeu égal », comme le dit Edith Maruéjouls, sociologue géographe du genre, qui accompagne de nombreuses communes sur le sujet. Un espace calme, pour s’adonner à la lecture ou pour être seul·e, un autre pour l’activité physique et un troisième pour des activités intermédiaires permettant des jeux imaginaires, des jeux de rôle, de création manuelle, etc.. « Une répartition qui fonctionne bien », aux dires de Pauline Pernot-Lecocq, qui travaille à la Direction Egalité à la Ville de Nantes, « même si la mixité des jeux ne se décrète pas ». Mais peut-on dire que les cours sont libérées des stéréotypes de genre ? 

Le foot a été détrôné voire banni de certaines cours de récré. Il a cédé la place à des propositions des élèves d’alterner les jeux de ballon selon les jours et en prenant en compte la dimension du genre. Une « roue du hasard », inventée par les élèves d’une école nantaise, a par exemple été mise en place pour déterminer les jeux de cour de la semaine : 1 jour/1 sport ou 1 jour pour les petit·es/1 jour pour les grand·es ou encore un jour ballon en mixité avec obligation que tout le monde ait pu toucher la balle avant de pouvoir marquer.

La Ludimalle®*, un véritable succès. 

« Quand cette grande malle à jeux sort dans la cour, les genres et les tranches d’âge n’existent plus », dit Laureen Mégaoui, directrice de l’Accueil périscolaire de l’école élémentaire Les Plantes, « rien à voir avec des jeux prêts à l’emploi ». Les enfants, tout à leur imagination, s’emparent alors des objets de récupération qu’iels y trouvent et déclinent ensemble des jeux dont elles et eux seul·es ont le secret : siège auto bébé, ustensiles de cuisine, casques, lunettes de ski, clavier d’ordi, téléphones, draps, pneus, etc. Le jeu est alors libre, il évolue au-delà des genres et au gré de la fantaisie individuelle et collective.

Rédaction : Florence Lesavre

*La Ludimalle (marque déposée) à été créée en 2017 sur la base d’une étude de recherche-action du Centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet (FM2J) et l’association Coup de Pouce Relais. Plusieurs accueils périscolaires assurés par Leo Lagrange Ouest se sont appropriés le projet et l’utilisent dans des écoles nantaises.

Crédit photo : LLO