Aucun milieu n’est exempt de patriarcat et de sexisme. C’est le cas des bals folks ! Des espaces festifs durant lesquels les corps se touchent. Comment instaurer une culture du consentement dans ces cercles ? On en parle avec Mélina Gatel qui tente de faire bouger les choses au sein de la Mecque des bals : Le Grand bal de l’Europe.

Haut du formulaireQue se passe-t-il lorsque les corps sont trop proches ? Comment travailler la culture du consentement dans les bals ? Que faire des auteurs de violences dans un cercle d’habitués ? Voilà toutes les questions que s’est posées Mélina Gatel, militante à temps plein, féministe et amatrice de bals trads, ces dernières années.
Tout a commencé en 2022, à Gennetines, une commune de l’Allier (03), connue pour son festival annuel Le Grand bal de l’Europe. Environ 6 000 aficionados·as y convergent tous les étés pour vivre quinze jours au rythme des danses traditionnelles. Mélina Gatel y rejoint une camarade féministe qui lui confie rapidement que l’ambiance patriarcale et binaire lui pèse.
« On s’est dit qu’il fallait initier quelque chose. On a commencé par proposer des assemblées, au sein du festival, de manière informelle. On y questionnait cette binarité de genre et le sexisme inhérent à notre société et qui se retrouve, de fait, dans ces espaces, explique-t-elle. Les danses traditionnelles impliquent du contact et une grande proximité physique mais la question du soin et du consentement, pourtant centrale, n’était, selon nous, que très peu nommée. »

« J’ai appris la patience dans mon combat »

Des solutions sont alors expérimentées : en 2022, la mise en place de bracelets de différentes couleurs permettant de se positionner sur tel ou tel rôle durant la danse [NDLR : dans les danses traditionnelles, les rôles dits féminins et masculins sont préalablement déterminés]. En 2023, l’ouverture d’un espace d’écoute à destination des victimes de VSS*. « Àpartir de là, les organisateurices du festival nous ont proposé d’agir de manière plus officielle au sein du festival. »
L’organisation tient à ne pas trop politiser son festival et souhaite que Le Grand bal de l’Europe soit un endroit neutre, « ni trop subversif ni trop militant » précise Mélina Gatel, dans lequel chacun laisse ses opinions de côté avant de rentrer dans la ronde. « Ils se sont plutôt saisis de nos propositions sur la question des VSS, ce qui est très bien. Nous avons décidé d’accepter la place que l’équipe organisatrice nous proposait. Tout ça m’apprend la patience et l’espoir du futur. On ne peut pas tout changer en si peu de temps. »
Depuis 2025, trois équipes bénévoles proposent un stand de sensibilisation, une cellule d’écoute et une cellule de recadrage — un moment d’échange proposé aux auteurs de violences. « Je m’intéresse beaucoup à notre culture punitive et à comment agir avec les auteurs de violence. La plupart d’entre eux ont accepté nos rendez-vous. »
En parallèle, toute l’équipe d’organisation a été formée aux VSS et un protocole a été écrit pour déterminer comment agir dans telle ou telle circonstance.

Quid de la non-binarité au bal ?

Certain·es n’ont pas attendu que le milieu du bal évolue pour danser ! C’est le cas de l’association As queer as folk qui organise en Loire-Atlantique des bals folk dégenrés ! Le collectif propose d’« expérimenter les différents rôles pour mieux comprendre les danses, mieux danser ensemble, mieux s’écouter, mieux se comprendre. »

asqueerasfolk.log.bzh/

* Violences sexistes et sexuelles