Après plusieurs mois de préparation, la création du collectif féministe Viti-F a été annoncée lors du salon « La levée de la Loire », à Angers, en janvier dernier. Sa raison d’être : porter la voix des travailleuses du monde du vin et rendre ce secteur accessible, désirable, sécurisé et légitime pour elles.

Elles sont vigneronnes, ouvrières, sommelières, cavistes, journalistes, chargées de communication, conseillères, acheteuses… Toutes professionnelles au sein d’un secteur empreint de conservatisme et de traditionalisme : le vin. Dans ce contexte, et malgré la féminisation grandissante des métiers qui composent cette branche, il est encore souvent compliqué d’y évoluer sereinement en tant que femme. Sentiment d’illégitimité, remarques incessantes qui sapent le moral et la confiance en soi, manque d’accès aux matériels ou aux formations mécaniques, inadaptation du matériel, invisibilisation, sexisme ordinaire, manque de représentativité… Les freins à l’émancipation sont aussi nombreux que très ancrés.« Suite au salon Canons à Nantes, en 2023, des vigneronnes m’ont fait part de leur besoin d’avoir ce type d’espace toute l’année, pour discuter des problématiques et des difficultés qu’elles rencontrent en tant que femmes dans le milieu viticole », raconte Kady Sonko, conseillère technique en viticulture bio et biodynamique au sein de la CAB (coordination agrobiologique) des Pays de la Loire, co-animatrice et membre active du collectif.

Actions concrètes et influence féministe

Quatre chantiers prioritaires ont été définis : les conditions de travail des femmes dans le monde viticole (ergonomie, compatibilité de l’activité avec leur cycle menstruel, adaptation du matériel, cercles de parole, entraide…), la parité dans les instances viticoles (interprofessions, INAO…), les actions à entreprendre en cas de VHSS (violence et harcèlement sexiste et sexuel), et la mise en place d’un cadre sécuritaire dans les salons et les événements associés. Autant dire qu’il y a du pain sur la planche.

D’ailleurs, Kady Sonko insiste, elles n’ont pas chômé depuis le début de l’année ! « En raison des contraintes d’agenda, nous avons commencé par les salons. Nous avons co-créé avec les responsables du salon « La levée de la Loire » une charte de prévention des VHSS, mis en place des affichages pour lutter contre les VHSS, organisé cinq tables rondes… Les prochaines actions prévues sont des cercles de parole et des formations (adaptation du matériel, prise de parole, ergonomie…). » 

« L’envie et la volonté de chaque femme de faire bouger les choses sont nos principaux outils, confie Kady Sonko. C’est surtout une question de temps. Nous avons déjà fait des demandes de financement auprès des institutions pour pouvoir financer nos actions. » Viti-F est en non-mixité choisie et compte à l’heure actuelle une trentaine de membres. Le collectif est ouvert à toutes les femmes du monde viti-vinicole.

Rédaction : Agathe Petit

Pour suivre le collectif sur Instagram : viti_f_vin