En 2015, l’association Femmes du Digital Ouest voit le jour dans les Pays de la Loire. À l’époque, une réalité saute aux yeux : le numérique, déjà omniprésent dans nos vies, reste un monde très largement masculin. Anne Magadur est administratrice, elle explique qu’il reste du pain sur planche : « En France, les femmes ne représentent que 26,9 % des effectifs dans les métiers du numérique et moins de 16 % dans des fonctions techniques », comme le développement, la cybersécurité ou l’architecture des systèmes d’information. « Le déséquilibre est encore très important, malgré une progression légère. »

Un déséquilibre qui prend racine tôt 

Dans les formations, les femmes sont peu présentes : 15 % seulement des étudiant·es dans les écoles d’ingénieurs informatiques sont des femmes. Le manque de modèles, les stéréotypes de genre, l’autocensure ou encore le manque de visibilité des parcours féminins dans la tech y compris aux hautes responsabilités constituent autant de freins à leur engagement dans ces métiers. « On peut dire que les politiques de recrutement ont évolué car il y a une prise de conscience de la sous représentativité des filles dans le secteur. Depuis quelques années qui plus est, le sujet est davantage pris en charge par les territoires. Pour autant, les chiffres ne sont pas satisfaisants du tout. Dès Parcoursup, les formations Informatiques ne sont pas sélectionnées par les filles qui représentent moins de 25% des candidates admises. Plus d’1 étudiante sur 3 est découragée au cours de ses études.  A Polytechnique par exemple : les femmes ne représentaient 16% en 2024 contre 21% en 2023 et ce malgré l’ouverture du concours d’accès à des profils non-scientifiques. » 

L’association, qui se donne pour mission de rendre le numérique plus inclusif, valorise les talents féminins en créant des passerelles, en suscitant des vocations, et en fédérant une communauté engagée autour d’un numérique plus diversifié. Point d’orgue bi-annuel : la remise du prix FDO, qui depuis 2015, met en lumière celles qui font le numérique et la Tech en Pays de La Loire, selon trois catégories : “startupeuse”, “étudiante” et “reconversion”. 

En dix ans, des centaines de femmes ont été accompagnées, inspirées ou soutenues grâce aux actions de l’association. Les événements ont permis de mettre en lumière des parcours de femmes dans la Tech, d’ouvrir des débats, de créer des rencontres. Un programme de mentorat a vu le jour, permettant à des femmes en reconversion ou en repositionnement professionnel d’être guidées et encouragées par des professionnelles du secteur. L’association intervient aussi régulièrement dans les établissements scolaires et universitaires, pour sensibiliser les jeunes filles dès le collège aux opportunités offertes par les métiers du digital.

« Le défi à ce jour n’est plus de sensibiliser, mais d’agir à une échelle plus ambitieuse »

Forte de son ancrage régional, Femmes du Digital Ouest s’implique également dans les grands événements tech des Pays de la Loire, en veillant à ce que la question de la mixité soit portée haut et fort dans l’écosystème. 

Son dixième anniversaire marque une étape symbolique. Il permet de mesurer le chemin parcouru, mais aussi de rappeler que le combat continue. Pour Anne Magadur, les actions doivent se penser sur le temps long : « Agir très tôt est essentiel pour lutter contre le poids des préjugés qui est très lourd. Les interventions post-bac sont trop tardives ! Les entreprises doivent mettre en visibilité des femmes de la tech en les faisant intervenir lors de conférences et tables rondes, faire travailler hommes et femmes ensemble… Aller à la rencontre et informer, en collaborant par exemple avec l’Éducation Nationale et enfin ouvrir leur porte pour rendre concret et tangible le travail dans le numérique. »

Le défi à ce jour n’est plus de sensibiliser, mais d’agir à une échelle plus ambitieuse pour garantir une transformation durable du secteur et permettre à chacune et chacun d’y trouver sa place. »

Rédaction : Agathe Petit-Dupas