A l’approche des jeux olympiques, trois rédactrices de la newsletter des fameuses sont allées interroger des libraires du département pour connaître leurs recommandations « genre et sport ». Réponses croisées !

Le coup de cœur de la librairie queer Les Vagues à Nantes

La peinture est encore fraîche sur les murs de la librairie Les Vagues, qui a ouvert ses portes fin juin dans le centre-ville de Nantes. Fondée par Max et Amandine, elle propose une sélection d’ouvrages (fictions, essais, beaux livres, revues, jeunesse…) queers, féministes et/ou décoloniaux, pensée dans une perspective intersectionnelle. Le but ? Mettre en avant des auteur·ices issu·es des minorités et offrir des espaces de représentation à la communauté queer. Amandine nous dévoile ses deux coups de cœur littéraires à prix doux, en lien avec la thématique du sport : 

Adieu ma honte – Ouissem Belgacem (2021, HarperCollins poche) 

« Ouissem Belgacem est un ancien joueur de football au sein de l’équipe nationale de Tunisie, pour qui la révélation de son homosexualité a mis fin à sa carrière professionnelle.
Dans ce témoignage, il raconte son expérience de jeune homme gay face à un milieu sportif homophobe et explore son rapport à la religion, l’Islam, avec beaucoup de prudence et de subtilité, afin d’éviter que son texte soit récupéré à des fins islamophobes. 
C’est un texte important qui permet de visibiliser la présence des personnes homosexuelles dans le milieu sportif et pour Ouissem Belgacem de se libérer de la honte face au tabou. »

Alizée fend la bise – Eléonore Cannone, Sway (2017, Éditions Talents Hauts) 

« Pour son anniversaire, Alizée rêve d’avoir un vélo de course. Mais, quand elle déballe son cadeau, elle découvre avec effroi que son nouvel engin est une bicyclette rose, avec des petites franges sur les poignées. Pour la petite fille, c’est la honte. Elle, elle veut un vélo qui va vite, un vélo pour fendre la bise et sortir des terrains battus ! 
Alizée fend la bise est un texte sur la construction de l’identité des petites filles, en dehors des stéréotypes de genre. Il est publié dans la collection Livres et égaux chez Talents Hauts, une super maison d’édition qui propose des livres jeunesse inclusifs, avec des représentations de la diversité dans toute sa splendeur, tant dans les illustrations que dans les thèmes. » 

Rédaction : Marine Raut-Guillerme
Pour suivre la librairie : @Les_vagues_librairie_queer

Le coup de cœur de la librairie La Plume à Couëron

Hélène Hastings, a fondé, début 2022, la libraire indépendante La Plume à Couëron. Son coup de cœur s’est immédiatement porté sur Thelma de Caroline Bouffault, paru en janvier 2023 aux jeunes Editions Fugue.
Ce premier roman a interpellé Hélène par « la manière dont les thématiques principales sont entrelacées dans une subtile complexité : le genre, le sport, la maladie psychique et le corps »

Thelma est une jeune fille anorexique qui livre un marathon éperdu contre elle-même. Elle est sous l’emprise de L’entraineur qui lui impose une discipline surhumaine. Cette voix intérieure tyrannique entretient sa maladie en l’empêchant de relâcher sa vigilance par rapport à son corps. 

Pour Hélène, le sujet du livre est certes grave, mais « il est finement traité, tricotant avec humour la lucidité de Thelma, l’ambiguïté de sa fragilité et sa détermination, ses relations avec son entourage amical et familial, compréhensif mais impuissant ». L’élan de cette jeune fille pour la vie est tout aussi fort que les injonctions morbides que L’entraineur lui assène.
Hélène voit en Thelma, sa mère et son amie Violette « des femmes campées sur le socle de la sororité et de la solidarité. Quant au sport, autant mental que physique, il occupe une grande place dans ce roman dans lequel fragilité et ambiguïtés se confrontent »

Rédaction : Florence Lesavre
Pour suivre la librairie : @librairielaplume 

Le coup de cœur de la librairie-café Les villes invisibles à Clisson

La librairie indépendante “Les villes invisibles”, gérée avec brio par Tatiana Moroni et Aurélie Lambert, est un incontournable pour tou·tes les féministes du Vignoble (et pas que !). Nichée au fond des célèbres halles clissonnaises, on y découvre un fonds incroyablement riche et varié, du roman à l’essai, en passant par la poésie et la littérature jeunesse. La promesse d’une plongée finement accompagnée par Tatiana ou Aurélie qui savent surprendre les expert·es, aussi bien que rassurer les néophytes.

C’est Aurélie qui nous livre son coup de cœur avec Demi-volée, un premier roman de l’autrice britannique Chetna Maroo (traduit de l’anglais par Madeleine Nasalik), à paraître le 5 septembre chez Dalva, une jeune maison d’édition dédiée aux autrices contemporaines qui “écrivent pour changer le monde, pour le comprendre, pour nous faire rêver”.

C’est l’histoire de 3 jeunes filles. Le roman commence quand leur maman meurt. Elles vont alors être élevées par leur père, un homme silencieux, au sein d’une communauté indienne dans la banlieue de Londres. Le père pose une exigence, celle que ses filles “s’occupent”. Il leur propose alors de jouer au squash et elles vont s’y mettre toutes les trois, avec beaucoup d’intensité. Très vite, il s’avère que la 2ème est la meilleure et le récit s’organise autour et à partir d’elle.

Aurélie a été séduite par la grande finesse de ce premier roman.
Presque rien n’est dit sur la maman, mais elle existe dans de petits instants intimes et subtils. On est plongé dans le deuil de manière très délicate, qui s’oppose avec la force du jeu. 
Le terrain de squash sert de métaphore au récit, notamment pour décrire les difficultés de communication entre les protagonistes, tout autant que les voies qu’iels trouvent pour “se parler”. Ainsi, la parole se crée avec les matchs, par les regards autant que par les moments d’absence volontaire du père (l’entraîneur) qui poussent la jeune fille à faire ses propres choix. 
Demi-volée montre les rôles du sport pour ces trois sœurs : « il sert à les occuper, mais aussi à grandir, à se construire, à parler et… à ne pas parler »

Et Aurélie de conclure : « Moi qui suis une lectrice lente, [ce roman] je l’ai dévoré très vite ! ».

Rédaction : Maud Raffray
Pour suivre la librairie-café : @librairievillesinvisibles