Parce qu’il est crucial de protéger et d’accompagner les enfants (co)victimes de violences conjugales, des dispositifs ont vu le jour sur notre territoire. Voici notamment trois initiatives qui méritent d’être connues.
En 2023, 146 féminicides ont été recensés en France et environ 80 enfants ont perdu un parent. Ces mineurs, souvent témoins des violences, se retrouvent en situation de vulnérabilité extrême. D’où la nécessité d’agir vite et bien. C’est pourquoi le département de Loire-Atlantique vient d’adopter un protocole destiné à assurer leur protection. Ce dispositif formalise la collaboration entre différents acteurs : justice, services sociaux, services médicaux et associations. Objectif : une prise en charge rapide et coordonnée dès les premières heures suivant un drame.
Les enfants eux aussi victimes
Cet accompagnement est d’autant indispensable car les violences conjugales peuvent avoir des conséquences graves sur l’enfant qui les subit. « L’exposition à la violence va générer chez lui beaucoup de troubles qui vont entraver son développement psychique et affectif voire physiologique. Certains enfants rencontrent des difficultés à être dans une relation normale avec l’adulte », explique Catherine Vignaud, directrice de Solidarités femmes 44. Cette association propose un accompagnement spécifique qui combine trois approches. Tout d’abord, une approche ludo-éducative. « L’enfant est tout d’abord accueilli par une éducatrice dans une salle de jeu. Il s’agit ici de créer un lien d’attachement et de confiance avec l’adulte. » S’ensuit une approche socio-éducative. « Lors d’un entretien avec l’enfant, seul ou en fratrie, une équipe constituée d’un binôme va lui expliquer les raisons de sa présence et identifier ses besoins. » Puis, l’association va proposer un parcours adapté afin que l’enfant recréée notamment du lien avec son environnement (école…) et se resociabilise. D’après Catherine Vignaud, une centaine d’enfants bénéficient chaque année de ce dispositif en Loire-Atlantique.
Des hébergements citoyens
Autre exemple avec cette initiative citoyenne impulsée dans notre région par l’association Un abri qui sauve des vies. Sa mission ? Héberger temporairement des victimes de violences conjugales et intrafamiliales ainsi que leurs enfants. Pour cela, elle s’appuie sur un réseau national de 917 « abritant.e.s » (en majorité des femmes) qui acceptent de les accueillir, chez elles, après vérification de leur identité et du logement d’accueil. « En 2024, nous avons réalisé 206 hébergements en France, soit 3 185 nuitées. Et, depuis la création de l’association en 2020, 296 enfants, principalement âgés entre 7 et 10 ans, ont été pris en charge », indique Victoria Jolly, responsable des partenariats et des relations institutionnelles. Deux mois après son lancement dans les Pays de la Loire, sa nouvelle antenne compte déjà une soixantaine de bénévoles et une centaine d’abritant(e)s. Ainsi, une dizaine d’hébergements citoyens ont d’ores et déjà été possible. Emma Rivière est l’une des 50 abritantes de Loire‐Atlantique. Un engagement puisé dans son propre vécu. « J’ai été moi‐même victime de violences conjugales. J’aurais aimé bénéficier d’un accueil quand j’ai dû quitter en urgence mon domicile. Ma famille a refusé de m’héberger. Tendre la main à une personne victime fait donc sens pour moi. Si l’on veut faciliter les parcours de départ et de reconstruction des femmes, il faut aussi pouvoir prendre en charge les enfants. »
Un déploiement en milieu rural
Cet élan solidaire commence à essaimer en milieu rural « où se produisent 50% des féminicides », constate Katia Gilet, présidente de Femmes Toutes Debout ! Cette association domiciliée depuis 2021 à Machecoul Saint-Même souhaite développer son propre réseau d’abritantes au cœur du pays de Retz. De quoi « compléter l’offre assez maigre des logements d’urgence », poursuit-elle. Pour y parvenir, la structure cherche des toits pour accueillir femmes et enfants.
Rédactrice : Florence FALVY
Légende photo : Photo prise du lancement de l’antenne Pays de la Loire d’Un Abri qui sauve des vies, le 5 décembre 2024.