ELLE S’EST DIT QU’ELLE POUVAIT LE FAIRE… ALORS ELLE L’A FAIT !

Après avoir participé à la création du Voyage à Nantes en 2010, dont elle a été la secrétaire générale jusqu’en 2016, Maud Raffray est aujourd’hui activatrice d’égalité femmes-hommes. 

 

De quelle manière avez-vous rejoint Les Fameuses ?

En 2013, lorsqu’Eric Warin, directeur du CCO, à l’initiative du projet, m’a invitée à rejoindre Les Fameuses, j’étais partante mais… je ne franchissais pas le pas. J’étais alors totalement absorbée par ma vie professionnelle : aux côtés de Jean Blaise, j’avais la mission de développer et faire grandir Le Voyage à Nantes, une structure culturelle et touristique sans équivalent en France.  J’étais tellement focalisée sur ce projet que je ne donnais pas beaucoup de valeur à ma participation aux Fameuses, dans un moment où l’optimisation de mon temps était vraiment clé.  En réalité, je crois que c’était aussi une forme d’évitement pour ne pas aborder des questions sensibles, et structurantes dans mon parcours et mes choix de vie.  J’ai fini par passer le pas pour m’impliquer activement, irrémédiablement même.

 

Racontez-nous ce basculement

En participant au premier Printemps des Fameuses en 2014, j’ai eu l’impression de chausser des lunettes et de percevoir le monde avec un regard neuf.   J’avais conscience de droits acquis par les femmes au cours des décennies passées, mais j’ignorais l’influence des stéréotypes sur nos destins, l’ampleur des différences salariales…  Cela m’a apporté une grille de lecture sur mon propre parcours professionnel et personnel.  Je m’étais jetée à corps perdu dans la fabrication et la naissance du Voyage à Nantes et à présent, je commençais à questionner ma place de “petite soldate de l’ombre ».  Je m’en suis trouvée réellement bouleversée.  J’y ai perdu une forme de légèreté mais gagné une plus grande liberté qui m’a même conduite à “oser” quitter mes fonctions en 2016.

 

Vous êtes devenue féministe engagée ?

J’ai pris la mesure de mon ignorance, à l’époque, concernant les questions d’égalité femmes-hommes et l’histoire des femmes. J’avais l’impression que ma génération, au moins pour la plus diplômée, évoluait dans un monde qui avait réglé la plupart de ces questions. Pourtant, quand j’y repense, mon premier rêve avait été d’être mariée et même d’avoir quatre enfants ! A côté de ça, étant l’aînée de deux filles, j’avais aussi intégré une projection forte de réussite socioprofessionnelle et certains codes sociaux dits “masculins”, comme la combativité par exemple. Pendant près de 20 ans j’ai progressé vite… Mais j’ai toujours travaillé pour des hommes et je ne l’avais même pas réalisé ! Il m’a aussi fallu faire le chemin de l’intime vers le politique…  Avec la naissance de ma fille qui a maintenant 17 ans, je me suis sentie quasi “physiquement” incapable de supporter tant les assignations de rôles que la surenchère permanente qui s’était imposées jusqu’à l’intérieur de mon couple.  J’ai divorcé par ‘”intuition” mais compris ces ressorts bien plus tard, et la découverte du féminisme y a beaucoup contribué. Sans oublier un compagnon allié des féministes, dans ses paroles mais aussi dans ses actes. Une perle rare ! Je peux aussi citer deux lectures fondatrices : King-Kong théorie de Virginie Despentes, et Ainsi soit-elle de Benoîte Groult. Et comme j’ai besoin d’action, en 2015 j’ai co-fondé l’association TRUST qui propose des ateliers de coaching pour les jeunes filles des quartiers prioritaires et je me suis beaucoup investie dans les 3 dernières éditions du Printemps des Fameuses.

 

Vous partez à l’attaque des inégalités femmes-hommes, quelle est votre feuille de route?

En faire mon métier, sans perdre une once de sincérité ! Activatrice d’égalité femmes-hommes, c’est à la fois une dynamique et un cap.  D’abord je vais continuer à investir le champ des arts et de la culture, où il y a beaucoup à faire ! J’ai posé une première pierre avec la journée du 7 mars 2019, un beau partenariat entre Les Fameuses et la DRAC des Pays de la Loire pour l’ouverture du Printemps des Fameuses. J’aime concevoir et mettre en musique des événements et des formats originaux pour susciter des transformations, intimes et collectives, sur la question de l’égalité femmes-hommes. Et ça, c’est nécessaire dans tous les secteurs d’activités et toutes les sphères de la société ! Je rêve même de lancer un festival éco-féministe ici, à Nantes… J’ai envie aussi de prendre davantage la parole en public : donner des conférences, animer des formations… En fait, l’idée d’être une cheffe d’orchestre me convient bien : actionner et être au coeur de plein de compétences et personnalités différentes, qui jouent ensemble les multiples et infinies versions de l’oeuvre “égalité femmes-hommes” ! Beau programme, non ?