Le 28 novembre 2023, je transmettais le message suivant à la Fédération Française de Hockey sur gazon (FFH) : « Notre fille a 9 ans. Elle pratique avec bonheur le hockey sur gazon depuis 4 ans et ne rate aucun match. Quand elle s’est rendu compte que les joueuses de hockey portaient une jupe-short plus courte que les shorts qu’elle a toujours portés depuis qu’elle fait du hockey, elle s’est étonnée de cette différence de tenue entre les filles et les garçons. 
Elle se dit même prête à arrêter ce sport qu’elle aime tant si on l’oblige à porter une jupe-short lors des matchs lorsqu’elle jouera en équipe 100% féminine l’année prochaine.

Or, nous avons appris que la Fédération Internationale de Hockey (FIH) a modifié le 6 juin 2023 le règlement concernant la tenue des joueuses en les autorisant à choisir librement et de façon individuelle de porter un short, une jupe ou une jupe-short dans une même équipe sous réserve d’uniformité dans la couleur et le design. 
Cette liberté de choix est un signal fort en faveur de la féminisation de ce sport.
En effet, comme le démontre l’étude faite par Tess Howard, une des joueuses anglaises qui a porté la demande de modification auprès de la FIH, les tenues imposées constituent un facteur de défection des joueuses, notamment parmi les adolescentes, lorsque la tenue est jugée inconfortable et les met mal à l’aise.

Serait-il possible de mettre à jour le règlement de la FFH en s’alignant sur le règlement de la FIH ? »

Le 2 février 2024, sous l’impulsion de sa Présidente, la FFH votait la mise à jour du règlement sur la question de la tenue des joueuses.
Évidemment, c’est une victoire, un grand soulagement pour ma fille et pour toutes les joueuses qui se sentent plus à l’aise en short.

Mais quel cheminement… En 2019, des joueuses de l’équipe Iris Hockey Lambersart saisissent la FFH pour demander la fin de l’obligation du port de la jupe. En 2021, le règlement évolue et permet le port du short aux joueuses, à condition que toute l’équipe porte un short. Enfin, en 2024, les joueuses sont libres de faire ce choix de façon individuelle, sans avoir à convaincre leurs coéquipières (en espérant que la couleur et la longueur du short ne deviennent pas un enjeu…).

Mais que l’on en soit encore en 2024 à demander la permission de choisir une tenue dans laquelle on serait à l’aise pour pratiquer notre sport interroge, non ? Que cette liberté soit acquise par petits pas pour ne pas trop choquer les instances, n’est-ce pas cela qui est choquant ? 

Qu’en 2024, dès leur plus jeune âge, les sportives soient encore dans de trop nombreux sports confrontées à des normes vestimentaires qui, sous couvert de tradition ou d’esthétique, contribuent à une sexualisation insidieuse pouvant affecter l’estime de soi, limiter la participation sportive et renforcer les stéréotypes de genre, n’est-ce pas d’un autre âge ?

Il est temps que les sportives soient valorisées uniquement pour leurs talents, leurs efforts et leurs réalisations, sans être réduites à leur apparence.

Je suis fière de ma fille qui a su exprimer librement sa préférence, heureuse que des femmes comme Tess Howard, la joueuse anglaise, et Isabelle Jouin, la présidente de la FFH, s’emparent du sujet pour faire bouger les lignes, et reconnaissante aux joueuses de l’équipe du club de Iris Hockey Lambersart dont l’action m’a inspirée à également faire la demande auprès de la fédération. 

On voit bien ici que chaque action, chaque mot, chaque prise de position compte et peut faire la différence. C’est en osant affirmer nos valeurs, même si on a l’impression d’être seul·e à les porter, et en agissant en accord avec elles, que nous pouvons inspirer les autres et initier le changement.

Tania Cadre, administratrice des fameuses