Parler de mémoire et de transmission pour les féministes, c’est une mission à part entière, tant l’effacement et la silenciation constituent des instruments bien huilés du maintien des inégalités de genre. Voici trois ressources importantes qui participent de ce travail collectif.

Jacqueline Manicom la révoltée, un podcast à 2 voix et en 4 épisodes, création conjointe d’une historienne et d’une descendante-journaliste.

Hélène Frouard et Nina Hatte nous emmènent sur les traces de Jacqueline Manicom, militante et écrivaine guadeloupéenne, féministe et anticolonialiste. Comme un femmage posthume, qui laisse le sentiment d’un rendez-vous manqué, tout autant que le goût de la tendresse et de l’admiration méritée. Existe aussi en livre. Merci au café culturel Afro-caribéen La Licorne Noire pour la découverte via leur travail de programmation d’utilité publique !

Entre journal d’enquête et œuvre littéraire, le livre « Mon vrai nom est Elisabeth » (Ed. du sous-sol).

En nous ouvrant les coulisses de ses propres recherches autour de la vie de son arrière grand-mère, Adèle Yon nous ouvre les portes des institutions psychiatriques et de leurs violences entremêlées au système patriarcal. Un livre à laisser traîner dans toutes les bibliothèques pour qu’il continue d’y être découvert et de lancer des conversations… Merci aux libraires qui savent si bien mettre en avant ces ouvrages importants ! A Nantes on pense en particulier à Les Bien Aimé.e.s, Maison Marguerite, Les Vagues, La Petite Gare et La Vie devant soi.

La magnifique série documentaire « Ballroom, danser pour exister », par Amandine Gay, sur France.tv.

Plongée dans une culture construite en flamboyance et en survie face aux violences racistes, homophobes et transphobes. House of Revlon, Mother et Children vous attendent pour découvrir un savoir-faire famille résilient, entre accueil inconditionnel, soutien et exigence, de quoi s’inspirer pour toutes les manières de faire-famille en conscience.
Merci aux militant-es queer et racisées de continuer à partager et inspirer l’émancipation de toutes et tous !

C’est un peu tout cela les apports du féminisme à la mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective :

  • Aller chercher les informations couvertes par les silences et le déni ;
  • Redonner leurs places et leurs rôles à celles et ceux qui nous ont précédées ;
  • Connaître les processus de silenciation et d’inversion de culpabilité ;
  • Identifier les stéréotypes assignés aux femmes et minorités de genre ;
  • Politiser l’intime et s’engager collectivement.

    En bref, chausser les lunettes du genre pour mieux éviter les pièges de la domination sexiste. Bonnes découvertes !

Rédaction : Marie Pouliquen