Présidente de Femmes Chefs d’Entreprises (FCE) Pays de la Loire, avocate et dirigeante de TGS France Avocats.

Pourquoi avez-vous rejoint FCE Pays de la Loire ?

Il y a six ans, avec une vingtaine de femmes entre Nantes et la Vendée, nous nous sommes réunies à travers Entreprendre au Féminin, un réseau d’entraide qui visait à fédérer les dirigeantes et les cheffes d’entreprises. En 2013, nous nous sommes dit que nous avions intérêt à rejoindre un réseau national afin de mener une action plus efficace et pérenne. Nous avons rapidement identifié l’association FCE, qui nous a séduites parce qu’elle portait un vrai sens dans l’action collective.

Nous sommes maintenant une centaine d’adhérentes en Loire-Atlantique, Maine-et-Loire et en Vendée. A la fin de mon mandat de présidente en 2019, nous allons splitter en trois délégations et chaque département aura sa propre présidente et prendra son envol.

 

Les dirigeantes doivent prendre conscience de l’importance des réseaux

 

Quelles actions concrètes menez-vous pour les cheffes d’entreprise ?

Au-delà d’être un simple réseau d’affaires, FCE a un axe féministe et des objectifs clairs : féminiser les organes de gouvernance des entreprises, favoriser la présence des femmes au sein des conseils d’administration et améliorer la mixité au sein des organes plus institutionnels du monde économique, via la prise de mandats patronaux.

Les chefs d’entreprise peuvent, par le biais de fédérations, du MEDEF ou de la CPME, obtenir des mandats dans des organes de type Chambres de commerce, Tribunaux de commerce, Prud’hommes, CPAM ou organismes de formations. Ces mandats sont très largement détenus par des hommes. Avec FCE, nous permettons aux femmes d’être visibles en leur proposant ces mandats.

À Nantes, nous avons permis à six femmes de se faire élire, notamment Corinne Besnard, qui est maintenant vice-présidente de la Chambre de commerce de Nantes. Cela n’était jamais arrivé avant et nous en sommes très fières.

FCE fait aussi la promotion de l’entrepreneuriat féminin et mène des interventions dans les écoles de commerce, les collèges et les lycées. Cela permet de montrer que ce n’est pas réservé à une élite et que c’est possible. Cela permet aussi de donner des exemples de femmes qui entreprennent, concilient leur vie professionnelle et personnelle sans problème et ont des enfants qui sont très équilibrés !

 

Pourquoi est-ce important de féminiser les organes de gouvernance ?

C’est important que les femmes soient représentées. Cela apporte une façon complémentaire d’appréhender les choses. La mixité est une richesse. Par exemple, aujourd’hui, à la Chambre de commerce de Nantes, on voit des hommes dans les commissions de travail qui nous disent « c’est chouette d’avoir plus de femmes autour de la table ». Dans le monde économique, qui a toujours été très masculin, il est essentiel que les organes institutionnels qui représentent ce monde soient à l’image des salarié.e.s et des personnes qui y évoluent.

 

Le 22e congrès national de FCE débute ce 15 novembre. Vous avez obtenu pour la première fois son organisation à Nantes. Pourquoi avoir choisi de traiter la thématique du temps ?

Le sujet a tout de suite fait mouche. Nous avons voulu montrer que les femmes savaient très bien organiser leur temps car en plus de leur rôle de cheffe d’entreprise, elles ont souvent deux ou trois agendas en un, le professionnel, le personnel… Nous avons eu envie de réfléchir à la manière dont ce temps s’appréhende d’un point de vue sociologique et philosophique et les différences de rapport au temps entre hommes et femmes, mais aussi en Occident et ailleurs.

L’objectif du congrès est à la fois pédagogique et divertissant, nous souhaitons donner des outils et des idées inspirantes, nous ouvrir à d’autres personnes et faire des rencontres tout en passant un bon moment.

 

Comment réussir à trouver le temps de s’engager quand on est dirigeante d’entreprise ?

On trouve le temps quand on trouve le sens. Les femmes dirigeantes doivent prendre conscience de l’importance des réseaux. Ce n’est pas un hasard si les réseaux féminins se sont énormément développés depuis cinq ans, cela répond à un besoin.

En général, les femmes entreprennent sur des TPE ou de plus petites structures que les hommes. Pour elles, il plus difficile de dégager du temps  car quand on est à la tête d’une petite structure, on fait un peu tout. D’où l’importance de trouver des réseaux qui permettent à prendre ce temps-là pour créer du lien avec d’autres chefs d’entreprise.

S’investir dans un réseau n’est pas du temps en plus du reste, il fait partie du reste. C’est important de pouvoir échanger sur nos difficultés communes, mais aussi en termes de business, de s’inspirer d’autres expériences professionnelles et de bénéficier de formations continues. Quand on est isolée, on passe à côté de tout ça.