Membre du collectif les Fameuses, conseillère régionale d’opposition – ancienne élue Nazairienne -candidate aux dernières élections européennes sur la liste Place Publique – Violaine Lucas nous parle de l’égalité femmes-hommes et de son combat pour « la clause de l’Européenne la plus favorisée ».
Priorité à l’actu : que vous inspire les nominations d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et de Christine Lagarde, présidente de la BCE ?
On ne peut que se réjouir de l’accession de femmes à ces postes de pouvoir. Néanmoins il est difficile d’analyser ces nominations, savoir si elles auront un impact positif pour les droits des femmes. On sait bien qu’il ne suffit pas d’être une femme pour avoir un engagement féministe.
Vous prônez la Clause de l’Européenne la plus favorisée, initiée en 2006 par l’association Choisir la cause des femmes. En quoi cela consiste ?
Simplement, à prendre les meilleures lois en Europe, à effectuer une « harmonisation par le haut », pour faire avancer l’égalité femmes-hommes et les rendre applicables à l’ensemble des citoyen.ne.s européen.ne.s. Nous y travaillons depuis 15 ans avec Gisèle Halimi (ndlr – avocate, autrice, ambassadrice à l’UNESCO, ex-députée).
De quels droits parle-t-on avec la Clause de l’Européenne la plus favorisée ?
De tous les droits sur tous les aspects de la vie des femmes. C’était le projet de Gisèle Halimi dès 1975. Nous l’avons repris et détaillé avec Yeswomen.eu et cherché à recenser ces droits au sein des 28 pays de l’U.E : choix de donner la vie (éducation sexuelle, contraception, avortement), droit de la famille (union et désunion avec le mariage, le divorce, le mariage pour tous), lutte contre les violences (viol, prostitution), égalité professionnelle (formation, salaire, participation à la vie de l’entreprise, retraite) ou représentation politique (mode de scrutin le plus favorable à la représentation des femmes).
Pourquoi la Clause de l’Européenne la plus favorisée ne parvient pas à être imposée ?
Sans doute pour une question d’ambition et de vision commune, même si selon les cas les raisons sont différentes. Prenez l’exemple de l’avortement : pour nous, il est important que toutes les femmes puissent y accéder de manière libre et gratuite sans clause de conscience de la part des médecins. Imaginez les divergences de morale sur la question. Il y a actuellement en Europe, une tendance à aller vers un repli identitaire proche des lobbys conservateurs prônant la « restauration d’un ordre naturel ».
Autre exemple avec le congé parental. En janvier 2019 un projet de directive s’inspirant du meilleur des pays européens – précisément de l’Allemagne, de la Suède ou des Pays-Bas – allait accorder 4 mois de congés aux femmes et 4 mois de congés aux hommes, avec des allocations suffisamment intéressantes pour encourager ces derniers à prendre leurs congés. Eh bien ce projet a été retoqué par le France. Motif de cette décision : trop coûteux.
Quelle est votre stratégie pour mettre la Clause de l’Européenne la plus favorisée en oeuvre ?
L’objectif est de faire porter la Clause de l’Européenne la plus favorisée par les député·es européen·nes, qui ont le pouvoir de mettre le projet de clause à l’ordre du jour du parlement. Pour le moment, nous n’avons pas réussi à le faire. Nous devrons également être accompagné·es par des associations mais aussi par des gouvernements. Pour l’instant aucun n’a vraiment cherché à la mettre en œuvre. Mais nous continuerons d’y travailler sans relâche.