Publié le 15.04.21
Promouvoir et améliorer l’égalité entre les femmes et les hommes : à Rennes, l’objectif est clair. Pour ce faire, la municipalité, incarnée par Nathalie Appéré (PS) prévoit de répartir ses finances à l’aune de l’égalité femmes-hommes. Après Lyon (EELV), Rennes est la seconde métropole française à se doter d’un budget genré.
Le principe est simple : faire en sorte que l’argent public bénéficie autant aux femmes qu’aux hommes. D’autres villes comme Grenoble, Ivry-sur-Seine, Montreuil ou Brest ont déjà mis en place des budgets « sensibles au genre », mais uniquement pour des dépenses précises comme celles relevant du sport ou de la culture.
En quoi cela consiste ?
L’exemple le plus fréquent est celui du financement public du sport. Dans le dernier rapport du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, on peut notamment lire « (…) les financements alloués aux sports majoritairement pratiqués par les hommes sont supérieurs à ceux pratiqués majoritairement par les femmes. »
« A Rennes, ce sont les subventions versées aux associations qui vont être scrutées dans un premier temps » explique Nadège Noisette, élue en charge des finances de la ville de Rennes. Il ne s’agit pas de supprimer des subventions aux uns ou aux autres, mais de conditionner progressivement l’octroi d’aides publiques à certains critères favorisant l’égalité entre les genres.
« Cette initiative ne vient pas de nulle part : l’égalité FH est un sujet sur lequel la Ville travaille depuis plusieurs mandats déjà. Un certains nombre d’indicateurs sont désormais à notre disposition, particulièrement dans les domaines du sport, de la jeunesse, de la culture et de l’urbanisme. Avec ce budget genré, nous entendons renforcer et mettre en avant ces politiques. Sous l’impulsion notamment de Geneviève Letourneux, déléguée aux droits des femmes et à l’égalité, nous nous donnons le temps du mandat (2020 – 2026, ndlr) pour que l’ensemble des politiques publiques s’en imprègnent. Cinq ans ne seront pas de trop : il s’agit pour nous d’avancer collectivement, avec les autres villes ayant les mêmes objectifs, et simultanément sur les questions relatives au climat et au développement durable. »
Un objectif inscrit dans les textes internationaux
Le budget genré est un objectif que s’est fixé un grand nombre d’institutions mondiales et de pays. Lancée pour la première fois en Australie en 1984, cette approche est aujourd’hui encouragée par le Fonds Monétaire International (FMI) ou par la Banque Mondiale du Développement. En Europe spécifiquement, l’égalité femmes-hommes est l’un des principes fondamentaux du droit communautaire (article 2 du traité sur l’Union européenne). Le Parlement européen a ainsi adopté, dès 2003, une résolution invitant les États membres à adopter le « genderbudgeting ».
En France, l’article 61 de la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes de 2014 prévoit que les communes de plus de 20.000 habitants, les conseils départementaux et les conseils régionaux élaborent un rapport sur l’égalité entre les hommes et les femmes préalablement aux débats sur le projet de budget. L’adoption d’un budget genré reste pourtant une rareté.
Rédaction Agathe Petit