Publié le 01.09.2020
Faut-il vraiment en parler ?
C’est faire beaucoup d’honneur à ces trois artistes en peinture qui ont vandalisé l’œuvre d’Elsa Sahal dans la nuit du 13 au 14 août dernier. Installée cet été place Royale à Nantes (dans le cadre du Voyage à Nantes), elle avait déjà fait couler beaucoup d’encre avant son arrivée. Ils y ont ajouté de la peinture. Décidément la sculpture céramique est une « Fontaine » (son nom) magique.
Manneken-Pis au féminin, elle assume crânement ses formes. Trop pour nos trois vandales inspirés qui n’ont pas trouvé mieux que d’asperger de vert cette œuvre dont le rose bonbon et les rondeurs cocasses témoignent pourtant d’un militantisme teinté d’humour. Une vulve métaphorique très deuxième degré qui pisse dru pour que « les femmes se saisissent de l’espace public sans avoir peur » et qui visiblement atteint sa cible.
Créée en 2012 et déjà exposée à Paris, c’est curieusement la première fois que la sculpture suscite la polémique. La faute, sans doute, aux réseaux sociaux et à un air du temps qui n’est pas qu’à la tolérance… Peut-être aussi parce qu’elle donne raison à la très regrettée Gisèle Halimi qui aimait citer ce proverbe africain : « Quand on jette des pierres sur l’arbre, c’est qu’il commence à porter ses fruits ». Dans ce cas, c’est une bonne nouvelle. Alors ça vaut le coup d’en parler !