Depuis 2019, « Le pied à l’étrier » propose à un groupe de 10 femmes issues du quartier des Dervallières, à Nantes, de se retrouver lors d’ateliers de médiation équine. Une rencontre avec le cheval qui vise entre autres, à favoriser le lien social.
« Le pied à l’étrier » est né d’un constat : « un pré-diagnostic a été effectué en 2018 concernant l’accès à la culture et aux loisirs pour les habitant•es du quartier prioritaire des Dervallières à Nantes. Nous nous sommes alors rendues compte que les femmes ne s’autorisaient pas à prendre du temps pour elle. », explique Claire Mouchet, assistante sociale à l’espace départemental des solidaritésde ce secteur, à l’origine de cette initiative. « Elles étaient donc très isolées », complète à ses côtés sa consœur Hélène Lehais, également impliquée dans ce projet avec une autre assistance sociale, Julie Le Pape.
Passionnée de cheval, Claire Mouchet imagine alors une activité en lien avec l’équitation. Son idée : proposer à un groupe de 10 femmes de se retrouver sur des ateliers de médiation équine en partenariat avec le poney club La Salantine à Saint-Herblain. « L’engouement a été tout de suite palpable. » Principal objectif : favoriser le lien social.
Un effet miroir
Reconduit cette année pour la quatrième fois de mars à juin, le programme n’a pas désempli et les dix places ont vite trouvé preneuses. « Ces femmes sont bénéficiaires des minima sociaux, éloignées de l’emploi, ont une quarantaine d’années et sont toutes accompagnées par l’EDS des Dervallières », prolonge le duo.
Les séances ont eu lieu le vendredi. « Pendant 30 à 45 minutes, nous donnons des outils aux participantes pour travailler sur la communication ou la respiration par exemple. Puis, de 10h à 11h30, nous allons en séance avec le cheval et les monitrices d’équitation », raconte Hélène Lehais. Ensuite, « il s’agit de s’adapter aux besoins de chacune ».
Ces séances se déroulent en plusieurs étapes. « Le pansage est un temps extrêmement important qui permet d’entrer en relation avec le double poney et de faire émerger des émotions. Ensuite, la séance de monte ou le travail à pied est construite sur différents axes de travail : la communication, le respect des consignes, la concentration, l’autonomie, l’estime de soi, le relâchement total par la relaxation… », décrit Claire Mouchet, selon qui la médiation sociale par l’équitation renforce le lien de confiance. Pour elle, le cheval est un véritable « allié » : « il permet de mettre en reflet ce que l’on est ».
Pour être dans le ludique, les assistantes sociales utilisent en parallèle divers supports, comme le jeu de société Dixit pour favoriser le dialogue ou les bulles de savon pour prendre conscience de la respiration et du souffle. « Ainsi, l’expérientiel positif reste ancré. »
Une mise en mouvement vers du possible
Force est de constater que la présence de cet animal permet une évolution positive. « Le cheval vient réveiller chez ces femmes des choses en soi, inconscientes », note Hélène Lehais et ce, « naturellement, sans confrontation ni jugement », complète sa collègue. « Nous voyons une évolution positive sur la confiance et l’estime de soi. Les femmes sortent de l’isolement. Ce programme les remet dans une dynamique. Par exemple, à l’issue du projet, l’une d’elles qui n’avait jamais reconduit de voiture depuis l’obtention de son permis en 1999 a démarré des heures de conduite et apprend à faire du vélo. » Une autre participante a quant à elle signé un CDI. « Habiter un quartier prioritaire et pratiquer le cheval est très valorisant. Elles éprouvent une certaine fierté. »
Prochaine session en 2024
Le Département de Loire-Atlantique qui finance ce programme – budget annuel de 4 000€ auxquels s’ajoutent le temps dédié à l’action d’un travailleur social – annonce qu’il va reconduire cette initiative l’année prochaine « avec une adaptation de l’action pour l’inscrire dans la durée » et la dupliquer dans d’autres quartiers prioritaires de l’agglomération nantaise.
Rédaction Florence Falvy