Publié le 04.12.2020

 

Des initiatives apparaissent peu à peu pour tenter de réparer les inégalités d’accès aux protections menstruelles. Zoom sur l’expérimentation menée par le Département de Loire-Atlantique dans huit collèges publics depuis novembre dernier.

 

Une collégienne découvre le kit de premières règles
Une collégienne découvre le kit – Crédit : Paul Pascal/Département de Loire-Atlantique

16 distributeurs de protections menstruelles sont désormais installés dans quelques collèges pilotes (dont Stendhal et Rosa-Parks à Nantes, Pierre Norange à Saint-Nazaire ou Isabelle Autissier à Nort-sur-Erdre). Installés dans les toilettes ou les infirmeries, le principe est de laisser accessibles gratuitement des distributeurs de protections souvent synonymes de tabou.

L’enjeu est de taille : près de 88% des jeunes femmes se sont déjà retrouvés en pénurie de protections périodiques à l’école et 67,5% ne sentent pas suffisamment à l’aise avec le personnel encadrant et éducatif pour demander de l’aide en cas d’oubli ou de pénurie de protection (Source : Stop précarité menstruelle). Toutes sortes de clichés sont ainsi véhiculés et les connotations négatives finissent par avoir d’importantes conséquences dans la vie des filles et sur leurs scolarités : absentéisme, honte, exclusion, santé fragilisée, mise en danger du corps… Ce dispositif, complété par des actions de sensibilisation et la distribution de kits de premières règles pour des classes de 6e, montre que le sujet de la précarité menstruelle commence à être pris au sérieux.

D’autres initiatives comparables sur le territoire

Quelques autres initiatives récentes illustrent cette prise de conscience : Trois sites d’accueil de femmes en situation de précarité seront équipés d’ici la fin de l’année de ces mêmes distributeurs (l’accueil de jour femmes des Restos du cœur à Nantes, le site d’urgence du centre d’hébergement et de réinsertion sociale à Nantes et la permanence Chaptal). En juin dernier, des bailleurs sociaux (Silène, Atlantique Habitations et Habitat 44) mettaient gratuitement à disposition des tampons et serviettes hygiéniques dans des lieux fréquentés par les locataires comme des salles d’attente ou des points d’accueil etc. Nul doute que ces initiatives devraient se multiplier dans les prochains mois dans les lieux publics et dans les lieux privés (par exemple dans les entreprises ou dans les bars qui parfois installent des boîtes de don de serviettes et tampons).

Une précarité économique pour des milliers de femmes

Ce jeu collectif est d’autant plus indispensable que le défi est grand : la précarité menstruelle concerne 1,7 millions de femmes en France (Source : Règles élémentaires), et plusieurs milliers en Loire-Atlantique se retrouvent incapables de faire face aux coûts des règles (estimés en moyenne à 3 800 € à l’échelle d’une vie). Espérons qu’une décision politique d’ampleur – comme celle historique prise en  Écosse – pourrait un jour naître de ce constat d’injustice. En attendant, l’expérimentation des distributeurs dans les collèges marque un pas important pour convaincre de la nécessité d’éradiquer la précarité menstruelle et in fine dans la quête de l’égalité entre les femmes et les hommes.

 

Rédaction Adrien Cornelissen

 

Pour aller plus loin :

Lire « L’Université de Rennes : halte à la précarité menstruelle ! »

Elise Thiebaut, autrice et invitée au Printemps des Fameuses 2020, parle de son livre “Ceci est mon sang

Simulateur “combien dépensez-vous en protection hygiénique?”
– Des Fameuses expertes du sujet : Dorothée Barth et Coline Mazeyrat de Jho / Claire Vimont, lauréate du Kif-Kif initiative 2020, parle de son jeu Sexploration

– Ressource locale : Planning familial de Loire-Atlantique